ratiocinations et digressions

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dimanche 12 novembre 2023

down

“Sombre con”, je le suis probablement.

Sombre c’est à peu près sûr.

dark
Je crois être imbibé depuis toujours d’une tristesse sourde, comme une odeur de clope ou de friture, ce qu’on appelait avant un tempérament mélancolique, lié probablement à ma lucide vision de la vacuité de l’existence, à la malfaisance de l’humanité et à la place que j’ai dedans - dérisoire, mais voilà : j’en suis. Ça me fait ricaner d’ailleurs, souvent.
Politesse du désespoir, bla bla...

Depuis longtemps aussi la masculinité dont on commence seulement à mesurer la toxicité. Je suis de ces hommes blancs hétéros nantis qui font le problème de l’espèce, sa culture malsaine et malfaisante, prédatrice.
Pour autant je n’avais jamais fait l’expérience de la déprime. Des phases de découragement, des petites crises, oui, mais pas la charbonneuse, la visqueuse, l’abyssale, dépression.

Attaché aux règles de vie que je m'étais données, à ce chemin rassurant, modélisé sur une existence de conventions, à un onanisme anxiolytique, à la diversité de ces passions créatrices qui m’ont longtemps occupées, anesthésiées peut-être ? J’étais même complètement démuni - mais compatissant - quand je me retrouvais face à des personnes dépressives, pas loin, comme beaucoup, de penser qu’il suffisait d’un peu de volonté pour s’en sortir. Un peu comme le dessinateur Blutch parodiant les conseils de Lacan dans les marges de Fluide glacial : “bombez le torse, faites du sport”, ça passera.
Être heureux, “pour donner l’exemple”, toussa.

Mais, au moins, je connaissais les symptômes.

Alors quand je me suis retrouvé à perdre le sommeil, l’appétit (avoir 18 kg à perdre n’était-il pas déjà un signe ?), à pleurer à n’importe quel moment de la journée - moi qui pleurais très rarement -, à m’alcooliser avec constance, à ruminer des idées noires, j’ai eu suffisamment de lucidité pour les reconnaître, ces signes.
À comprendre que cette fois, c’était pour ma pomme. Que ma personnalité basée sur la discrétion, la retenue, le refoulement, devrait forcément passer par une phase de bilan, d’analyse, de soin.
Que la vigilance que je me plaisais depuis toujours à porter aux autres, peut-être à mes dépends, je devais la rediriger vers moi-même et probablement, en conséquence, délaisser l’attention que je portais à mon entourage pour essayer de comprendre comment me faire du bien, à moi.

Pas simple quand on ne s’aime pas.
Quand on a pour son propre reflet, croisé par hasard dans une vitrine, une grimace de dégoût, quand on se sent indigne de toute attention.

ne plus vouloir se faire aimer
pour cause de trop peu d’importance
être désespéré
mais avec élégance

Ces paroles de Brel (Avec élégance, inédit du dernier album, réédité en 2003) résonnent en moi depuis que je les ai entendues. Et en ces moments plus encore. “Cinquante ans c’est la province”. Tu m’étonnes.

lost

Comment décrire cet état ?
Pour moi c’est un sentiment d’infini. Mais pas celui - émouvant - qui vous étreint devant un paysage de montagne, ni cet infini grisant d’un espace sans fin dans un casque VR, ni même celui, vertigineux, abstrait, des mathématiques, de la géométrie ou de l’astronomie.
C’est plutôt la sensation physique d’être perdu, de n’avoir devant soi que des horizons inatteignables, où que porte son regard. Si lointains qu’aucun mouvement, aucune translation ne saurait les faire se rapprocher. Perdu sans avoir envie de bouger. Impuissant. Ne plus savoir pourquoi bouger d’ailleurs, à quoi bon ? Puisque tout est hors de portée. Le découragement.
Sans la possibilité de recevoir d’aide des personnes qu’on aime. Se sentir seul, et moche, et con, et tellement stupide, imparfait, nuisible.
De peu d’importance...

Forcément on se demande pourquoi ?
Et donc on essaie d’analyser.
Pour essayer de comprendre, j’ai cherché, comme beaucoup, l’aide de spécialistes. “Fais-toi aider”, le conseil magique.

shrink

J’ai testé trois psy. Trois hommes.
Le premier était jeune mais compatissant. Une attention qui semblait sincère, pas mutique - c’est déjà ça -, empathique. Mais un peu frustrant. Et cher.
Le second était le stéréotype du psychanalyste, professeur Nimbus aux cheveux gris et ébouriffés, grave, savant, dont l’intérêt s'éveillait quand je lui parlais de mes rêves, me disant en blaguant que c’étaient “les cinquante premières années” de la psychanalyse qui étaient les plus dures. Lol.
Le troisième était un psy-sexologue infatué. Il a passé notre première séance (après m’avoir posé un lapin), à lister toutes ses qualités, ses diplômes, à me dire combien il était génial, à partager des anecdotes de ses autres patients (ce que j’ai trouvé un peu malaisant et pas très professionnel), à me dire combien tous les autres psy avaient tort et lui raison. Une personnalité que j’ai trouvé désagréable mais qui me paraissait digne de confiance, s’appuyant sur des faits scientifiques, des sources. Mais un peu brusque. Faisant des schémas sur des petits bouts de papier, expliquant tout par les sécrétions hormonales, des statistiques. C’était aussi le moins cher.

J’ai conservé le second pour une consultation hebdomadaire par une sorte de convention idiote, baignant dans la psychanalyse depuis ma jeunesse comme une bonne majorité de français éduqués, le plus cher, mais ça fait partie du traitement, n’est-ce pas ?

En parallèle de ce “travail” sur moi-même, mon médecin traitant m’a mis - à ma demande - sous antidépresseurs. Si j’ai été perturbé par les effets secondaires de ce traitement, j’ai progressivement senti un mieux. Une sorte d’anesthésie émotionnelle, familière. Une légèreté embrumée mais confortable.
Les émotions qui me paralysaient, me troublaient au point de trembler, de chialer comme un môme, sont devenues plus faciles à dompter. J’ai pu reprendre mon habituelle distance, m’élever au-dessus de mon épaule, comme dans un Third Person Shooter, et me juger avec un peu plus de miséricorde et de bienveillance. Ce n’est pas ta faute, couillon, si tu n’es pas appareillé pour accepter de tomber amoureux, pour accepter de décevoir, de déplaire, de faire du mal aux autres, d’être un vieux porc lubrique. Mais il te faut l’accepter même si ça fait mal. Tu es vieux, la vie est courte, que désires-tu ? Continuer une vie conventionnée, rassurante mais désespérante, ou tenter la solitude pour la première fois de ton existence. Être libre, au prix probable d’être perdu ?

free ?

Je teste. J’apprécie certaines facettes de cette solitude. Moins d’autres. Toujours incapable de provoquer le désir. Irrité par les applications de rencontre, stériles et nocives. Et de toute façon finalement convaincu que mon système d’exploitation intime ne peut envisager l’amour sans amour. Cheh.
J’ai arrêté de voir le psy au bout d’un an et demi, ayant calculé que je lui avais versé l’équivalent de 3000€ pour un bénéfice assez discutable, et probablement peu lié à ces séances d’une demi-heure. Me demandant à chaque visite ce que je pourrais bien lui dire, cette fois, ayant passé en revue les motifs classiques d'auto-apitoiement.
J’ai noté sur un post-it que j’ai affiché chez moi la dernière question qu’il m’a posée : “de quoi voulez-vous vous libérer ?”. J’y songe parfois sans avoir de réponse. Y en a-t-il seulement une ?
Peut-être que ce n’était pas le bon psy. Combien faut-il en essayer en fait ?

J’ai arrêté les antidépresseurs quand je me suis senti stabilisé.

Un an et demi après, j’en reprends.
Mon médecin m’a dit que c’était assez classique, cette rechute.
C’est rassurant de se sentir normal, en un sens. De faire partie de cette population de consommateurs de psychotropes, ce mal bien français, ça doit être l’âge aussi. J’espère que je ne passerai pas le reste de mes jours avec ces comprimés à avaler tous les matins mais je me sens trop fragile pour refuser cette aide.

Ce texte est resté deux ans sous forme de brouillon.
Ça n’est pas un appel à l’aide, je vais mieux, merci. Je m’excuse de sa crudité et de son caractère impudique mais je crois que c’est important de dire à celles et ceux qui souffrent que les traitements existent et permettent de se sentir mieux.
J’ai regretté de ne pas avoir pris d'antidépresseurs plus tôt. D’avoir vécu des mois sur une corde raide à planifier ma sortie, à négocier tous les jours avec moi-même le droit de rester en vie.
Ça va faire quatre ans maintenant.

La vie est probablement belle, malgré tout. Avec espérance.

jeudi 24 décembre 2020

shitstorm

Il fallait que ça m’arrive.

En fait je suis même assez étonné que ça me soit arrivé si tardivement dans l’histoire de ce projet. La “tornade de fèces”, la shitstorm sur le réseau social qui s’en est fait la spécialité : Twitter.
Rétrospectivement je trouve que je m’en sors sans trop d’éclaboussures, même si j’ai fait l’erreur de répondre aux messages quand tout le monde me conseillait de laisser la tempête passer.

Qu’est-ce qui m’a été reproché ?

Une personne, essayiste, salariée d’une entreprise de modération d’internet - si j'en crois sa fiche wikipedia - découvre le livre HorrorHumanumEst et la série, un an après sa fermeture. Elle est manifestement choquée par le ton du livre, certains termes et images semblent la heurter: la machette sur la planche de stickers (mais pas le fusil d’assaut ni le sexe coupé), et certaines figures de styles quand j’évoque le génocide au Rwanda et les camps de la mort nazis.

Le livre la fait tiquer aussi sur un point précis : dans un paragraphe de 142 mots (sur un total de 34 834 mots que compte le livre), sur une page d’annexes, après les cinq pages traitants du génocide rwandais de 1994, la mention d’un rapport de l’ONU évoquant des représailles du pouvoir rwandais sur des Hutus réfugiés au Zaïre qui sont qualifiés de crimes de "génocide".

Une affaire évidemment complexe, soulevée encore récemment.

Ce rapport existe bien, ces massacres aussi - même s’ils ne sont pas comparables en ampleur et en méthode au génocide des Tutsis du Rwanda, ce mot de “génocide” est bien cité maintes fois dans ce rapport mais il m’est reproché de lui donner du crédit.
J’ai cité le rapport pour placer le génocide dans une perspective globale, comme souvent, pour souligner que les massacres ont des origines et des conséquences, me fiant évidemment à cette institution qu’est l’ONU.

Or, c’est une évolution historiographique que j’ignorais sur cette affaire, ce rapport et le terme de double-génocide (ou contre-génocide que j’ai utilisé comme titraille de ce paragraphe) est mis en avant par des négationnistes du génocide.
Je ne pense pas que quiconque puisse dire ou écrire que des centaines de milliers de Tutsis n’ont pas été massacrés en 1994, les faits se sont passés quasiment devant les caméras et les témoignages sont nombreux. Que des personnes cherchent à relativiser les faits, les minimiser ou les mettre dans une perspective plus large, parfois pour se défendre des accusations qui pèsent sur eux est certain. Mais personne ne nie les faits. Or le terme négationniste est celui utilisé en Histoire pour qualifier la contestation ou la minimisation de crimes contre l’humanité.

Le Négationnisme est une des pires accusations qui puisse être faite dans le contexte d’un travail qui traite d’Histoire.

Qu’il me soit balancé comme ça dans un tweet, devant 30 000 abonnés, un vendredi après-midi a évidemment quelque chose d’assez infamant.

J’avoue que ma connaissance est loin d’être parfaite sur le sujet - qui peut se targuer de connaître parfaitement le sujet du génocide rwandais si controversé et dont certains faits restent encore inconnus ? - mais la personne qui me fait ces critiques n’est pas plus spécialiste que moi.

Je reconnais volontiers la maladresse d’ailleurs - comme toutes celles qui m’ont été faites auparavant. J’ai écrit l’épisode en 2012, deux ans après l’écho médiatique de ce rapport de l’ONU (Le Monde, Libération, L’Express, pour ne citer qu'eux) et les discussions et recherches sur le sujet ont fait leur chemin depuis. J’aurai dû faire preuve d’un peu plus de prudence, utiliser comme je l’ai fait dans l’épisode animé le point d’interrogation dans le titre “contre-génocide ?” et préciser qu’il y a une accusation négationniste qui pèse sur ces faits.

Mais si ce paragraphe est maladroit, il n'est pas factuellement faux et je n’ai donc pas spécialement de reproche à me faire, ce que j’ai exprimé aussi humblement que j’ai pu dans les réponses que j’ai formulées au tweet initial.

police du style et du bon goût

Mais ce qui m’est aussi reproché - peut-être surtout d’ailleurs - c’est le “style” du livre, sa tonalité.

L’utilisation d’euphémisme dans le texte, d’ironie, de litotes, la tonalité sarcastique globale de la série semble être insupportable à certains. Qu’on puisse mettre dans le même livre l’histoire de génocides et des exécutions ou ce que l’initiatrice du premier tweet qualifie de “faits divers”.
Quand j’utilise une litote dans mon texte c’est pour provoquer un effet inversement proportionnel. Dire que le génocide rwandais était “efficace” c’est évidemment odieux quand c’est pris au premier degré.
Mais c’est aussi un qualificatif réaliste si on se réfère au ratio des morts et du temps qu’il a pris.

Le mot cherche donc à provoquer l’indignation, comme le reste du livre.
Ne nous y trompons pas, HorrorHumanumEst est bien un livre d’indignation sur la capacité de l’humanité à provoquer l’horreur.

Celles et ceux qui pourraient y lire une fascination ou pire une admiration pour ces sujets manquent sérieusement de bon sens. Ce qu’il est à mon avis difficile de soupçonner quand on lit le livre...
Bon.

Il s’agit d’un désaccord de style en somme, l’intention n’est pas mise en cause, même par l’instigatrice de l’invective.
Sauf qu’elle se permet de me prêter des intentions d’humour déplacé, me prétant ces paroles : “et alors j’ai mis un bruit de pet quand il a dit “nazi” on a trop rigolé”. Comparer l’ironie - une figure de style permise par notre magnifique langue - à l’humour scatologique de salles de garde, évoquer les gaz intestinaux sur le sujet des camps d’extermination ?
Je ne sais pas qui a l’humour le plus à propos...

Car oui, j’assume le côté grinçant de cette série.
Je l’ai déjà dit maintes fois, elle cherche à toucher ceux que les discours lisses endorment, elle cherche à synthétiser des faits pour tous ceux que l’Histoire ennuie - et ils sont nombreux.

Parler de sujets graves le regard baissé, les sourcils en accent circonflexe, le ton digne, plein d’une feinte compassion de circonstance et le petit doigt sur la couture du pantalon m’emmerde.

Je crois que les quatre années de recherches diverses et les quelques milliers de pages de lecture m’ont permis d’aborder les sujets que j’ai traités dans mon livre avec une certaine honnêteté, que j’en ai fait une synthèse satisfaisante. Que les corrections que j'ai intégrées au fur et à mesure ont permis de clarifier et rectifier les quelques erreurs - minimes pour la plupart.

Mais oui, je le dirai toujours : je ne suis pas spécialiste !

Ce qui ne veux pas pour autant dire que je suis ignorant comme certains ont pu le déduire.

Et j’ai utilisé un style qui ne plaît pas à tout le monde.
Je constate ici, une fois de plus et comme beaucoup, que malgré les belles images placardées en 2015 sur tous les réseaux sociaux, tout le monde n’est pas “Charlie".

effet de meute

Ce qui m’a le plus fasciné dans la mécanique du réseau c’est l’effet produit par le message initial.
La remarque sur le paragraphe paraît légitime et je l’ai prise comme telle.

Mais quand elle est faite de façon ostentatoire par une personne lue par plus de 30 000 abonnés, c’est comme un appel à la réaction.

Sur ce média, s’exprimer c’est partager son indignation à l’ensemble de ses followers.

Et l’émotion est contagieuse, surtout que celles et ceux qui lisent et sont abonnés à une personne le sont souvent parce qu’elles ou ils font confiance à son jugement ou apprécient ses prises de parole.

Passons sur le tutoiement (qui me gêne toujours) tout de suite adopté par les personnes qui ont répondu au tweet initial, j’ai reçu un flot d’insultes et d'invectives aggressives à la suite de ce message.

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Se voir traiter de Gros blaireau, d’ordure, de fumier, de con, de tête pleine d’eau ou d'abruti de manière totalement gratuite par des personnes que je ne connais pas, qui ne me connaissent pas, qui n’ont pas lu mon livre, ne sont pas plus expertes que moi mais jugent une démarche sans la connaître sur le simple fait d’une critique vague m’a semblé pour le moins choquant.

Surtout quand ces remarques glissent sur mon physique, mon genre ou même mon patronyme… J’ai eu l’impression de devenir une sorte d’épouvantail déshumanisé. Je savais que c'était courant sur Twitter, mais le vivre vous fait ressentir la chose différemment.

La publication des épisodes sur YouTube m’a exposé pendant près de quatre années à des insultes variées, j’ai été traité de connard, de gauchiasse, d’anti-communiste, l’Histoire est un sujet un peu clivant, c'est le jeu.

Je n’ai été inquiet que quand la véracité de ce que je racontais était remise en cause.

Sur Twitter c’est bien l'honnêteté de ce travail, en pleine période difficile pour moi, qui m’était reprochée, qui m’a ébranlé et empêché de dormir pendant quelques nuits. Et je comprends assez mal le profit de ces justiciers qui pensent que leur avis est infaillible et supérieur aux autres, qui croient analyser avec pertinence le travail de six années en deux coups d’oeil, résumer une critique à une poignée de mots et se permettent d’activer leur influence calomnieuse sans remords, participant un peu plus à ce climat de violence, de harcèlement, d’insulte, comme si le fait de se trouver sur ce média autorisait à le faire subir aux autres parce qu’on peut le subir soi-même.

J'ai eu l'impression de prendre conscience en un weekend du fond du livre de François Cusset sur les nouvelles formes de violences.

Se défendre devant un flot qu’il est difficile de lire intégralement, qui fait des rameaux, des copies, est quasiment impossible. Parce qu’exprimer une défense en 280 signes relève du défi, surtout qu’au moindre écart de vocabulaire vous êtes cloué au pilori et déclenchez un nouveau flot de réactions.

légitimité

Le dernier reproche qui m’a été adressé par contre m'indigne vraiment.

Selon la horde, il faudrait être “expert” d’un sujet pour le vulgariser.
Et plus je refléchis à ce postulat, plus je le trouve idiot.

Qu’on me reproche de n'être pas au dernier fait de la recherche je veux bien l’admettre. Mais faire une synthèse (1’30 sur ma série vidéo, cinq pages illustrées dans mon livre) ne réclame pas d’avoir un doctorat sur les sujets traités.
Certains m’ont même reproché de risquer de devenir une référence biaisée ce qui me semble complètement dément. Je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais vu "il était une fois l’homme" cité dans les bibliographies de travaux d’historiens !

Un livre de vulgarisation reste une entrée dans le sujet qu’il traite. Jamais une référence de quelque manière que ce soit.

C’est même à ça qu’il sert.

Que les sujets soient traités avec sérieux et exactitude est évidemment une nécessité, qu’il bénéficie quand c’est possible de l’éclairage de spécialistes est un plus. Si je ne l’ai pas fait c’est par manque de moyen.
J’ai quand même fait ce travail de vérification et de correction avec le plus de sérieux possible.

Par expérience je sais même que souvent les “spécialistes” d’un sujet sont les pires vulgarisateurs : ils le connaissent trop pour être capables d’aller à l’essentiel, de le simplifier.
L’intervention d’un spécialiste de la vulgarisation permet d’optimiser la pensée, de choisir un angle précis, de l’adapter à un auditoire.
Nier cela c’est mettre au panier TOUTE la vulgarisation des musées, des vidéastes, des livres grand public.

Au panier les culottées de Pénélope Bagieu qui ose traiter en BD de biographies sans l’aide d’historiens ? Au panier Tu mourras moins bête de Marion Montaigne qui fait ses propres recherches sur des sujets scientifiques et ose utiliser des personnages de la pop culture pour les mettre en scène ? Au panier les Radium Girls de Cy ? La petite histoire des colonies d’Otto et Jarry qui font revivre le général De Gaulle ou Yves Mourousi ? L’intégrale de C’est pas Sorcier ? De Karambolage ?… Toutes ces oeuvres qui m'ont tant appris et enchantées ?

Soyons sérieux.

La vulgarisation est un métier, de metteurs en scènes, de comédiens, de graphistes, d’auteurs et d’autrices.

Que les chercheurs cherchent, publient, soient lus et que leur travail soit mis à disposition du public par des gens qui en ont les capacités.

c'est fini ?

J’ai quand même été soulagé de voir le flot s’éteindre petit à petit en moins de 48h, preuve probablement que ce qui m’était reproché était assez ténu. Je me rends même compte à posteriori que certains tweets ont été supprimés.

Ce qui est sûr c’est que je vais modifier le paragraphe incriminé pour l’édition qui sortira en librairie, je l’ai déjà fait sur le site officiel de la série. Mais tout ce stress, cet épandage d’agressivité alors qu’une simple remarque - neutre, même pas forcément bienveillante - dans un message privé aurait suffit, ça me dépasse un peu.

Et moi qui ai peur de Twitter, je me retrouve restrospectivement à faire le ouin-ouin sur mon blog, en bon cis-homme blanc depressif. Mais comme j'ai toujours eu le complexe de l'imposteur, peur de l'illégitimité, mon autodénigrement me crie bien fort à l'oreille "bien fait".

lundi 21 août 2017

été irlandais

Ouais, bon, c'est ça aussi un blog, vous faire chier avec mes photos de vacances. J'ai le droit je suis chez moi.

Donc oui, avec mon épouse on a décidé de faire faire la traversée par IrishFerries à notre vieille voiture avec la famille dedans. Un voyage en Irlande avec une semaine à Dublin et une autre sur la cote atlantique sud.

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Pour la petite histoire, j'ai découvert Dublin il y a un peu moins de trente ans, en voyage linguistique à 17 ans. Je n'ai pas gardé un souvenir précis de la ville que j'ai entièrement redécouverte cet été. Mes seuls souvenirs émus sont liés aux Fish&Chips et à la Guinness, cette bière qui se mange et se boit tout à la fois, aussi dense qu'elle est légère (elle tire à 4.5° seulement !), pas besoin d'aller chercher plus loin mon amour des bières de soif.

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La traversée a été assez paisible, c'est chouette cette nuit sur le bateau au large des cotes, j'ai été surpris de découvrir un peu le mal de terre jusqu'à 24h après le trajet mais rien de grave. On découvre sur le bateau un ecosystème très spécial, fréquenté dans les deux sens par (à vue de nez) 80% d'irlandais en familles nombreuses. Plein de petits Weasley courant dans le bateau avec ses bistrots, ses pubs, ses boutiques...

L'irlande est bien l'enchanteur spectacle de la nature promu par Tomm Moore, un concentré de paysages de montagne et de mer, des gens chaleureux, des balades inoubliables. Par contre nos chaussures de marche étaient en général trempées 30mn après le départ, le sol tourbé étant gorgé d'eau, ça n'est pas pour rien que tout est si vert... Le temps est aussi très changeant, "It changes every twenty minutes" nous a dit un Irlandais, il est donc indispensable de se trouver un système d'habits à géométrie variable, pouvant passer du froid venteux aux lourdes averses en passant par le cagnard le plus etouffant en quelques instants. Je n'ai jamais mieux compris l'usage du parapluie téléscopique. J'ai vu des gens en vélo sur le Ferry et je trouve cela très courageaux, outre que l'Irlande est un pays très valonné, plein de montées et de descentes, les routes sont étroites, on y roule à gauche et les petites départementales permettent une circulation à 100km/h ! Respect aux deux roues...

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Bon. Pas grand chose d'autre à ajouter, je n'ai pas spécialement pris le temps de dessiner en Irlande, je me suis un peu rattrapé avec les vieilles maisons de la Charité sur Loire.

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On a ramené un souvenir d'Irlande : une tête de mouton. Il y en avait deux aux alentours proches de la maison, on a pris celle qui nous semblait la plus belle, en espérant qu'elle n'avait pas pour l'éleveur un usage particulier (éloigner des prédateurs, épouvanter le troupeau ?). Un petit rappel pour une des plus chouettes balades qu'on ait fait cet été, sur la presqu'île de la Sheep's Head.

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lundi 29 mai 2017

Il ne faut pas confondre bande dessinée et cinéma d'animation, bordel de merde ! Même si des fois... bon, il y a des exceptions...

Je n'ai jamais fait mystère du mépris que m'inspire la confusion entre les deux domaines cités en titre. Pour beaucoup de gens, la BD et le dessin animé c'est kif-kif bourricot, bonnet-blanc et blanc bonnet (oui : j'aime bien les expressions désuètes), souvent désignés tous deux par l'appellation de "p'tits miquets".Il ne viendrait à l’esprit de personne de confondre photo et cinéma, boulangerie et pâtisserie, fumisterie et couverture.. même si évidemment ces binômes ont des choses en commun (le fumiste s'occupe des cheminées, le couvreur des toits, je dis ça pour ... non.. bon...).
 
P'tits miquets et petits Mickeys
 

Les liens qui existent entre ces deux domaines que je chéris indépendamment (bande dessinée et cinéma d'animation) sont - il faut l'avouer - parfois ténus. Mais ils disposent de particularités qui leurs sont propres. Et ceux qui veulent les rapprocher et participent à les confondre le font pour de mauvaises raisons : principalement par ignorance, dédain, mercantilisme et/ou frilosité intellectuelle. Je m'explique par la suite.

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Mais il m'est arrivé une expérience assez troublante en février dernier : je suis allé au festival Anima de Bruxelles (ville importante pour ces deux arts s'il en est) assister à deux conférences passionnantes et consécutives qui m'ont fait mettre un peu d'eau dans mon vin : on y entendait Arthur de Pins parler de son adaptation de Zombillenium en long métrage et Benjamin Renner évoquer l'adaptation en trois courts métrages du Grand méchant renard et de son album un bébé à livrer.

Ces deux auteurs, français en Belgique, qui sont à la fois auteurs de BD et animateurs/décorateurs/réalisateurs, ont évoqué leur travail d'adaptation avec intelligence et j'ai été pour une fois convaincu que le passage d'un support à l'autre pouvait s'envisager pour autre chose que des mauvaises raisons.
 
Commençons si vous le voulez bien par définir deux trois bricoles sur ce qui différencie animation et bande dessinée, des fois qu'un journaliste passe dans les parages...
 
Une bande dessinée - dans la majorité des cas - est une surface discontinue. Les pages se juxtaposent, simultanément (page de gauche et de droite) ou en séquences qui se suivent (les pages qu'on tourne et qu'on ne voit donc pas toutes ensembles) on trouve d'ailleurs le terme un peu pédant d'art "séquentiel" pour qualifier la bande dessinée. En bande dessinée, le temps est espace. C'est en parcourant les pages des yeux que le récit se déroule. MAIS et c'est là que se niche selon moi toute une part de la singulière beauté du média, on en a également une vision globale et simultanée. Il y a d'incessants passages entre la partie et le tout, la case et la page, le phylactère (la bulle de texte), l'onomatopée et le dessin, les mêmes personnages sont présents plusieurs fois dans la page dans des positions et des angles différents...
 
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N'oublions pas non plus que le livre est un objet, autonome, avec sa matérialité sensuelle, son poids, sa taille, son épaisseur, l'odeur des encres... Je ne vais pas vous faire un cours que je serais de toutes façons bien en peine de construire (relisez l'Art invisible de Scott McCloud) mais juste montrer quelques exemples piochés dans des parutions récentes.
 
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Dans Mort & Vif, le dessinateur David Prudhomme fait des pages aux cases séparées d'un simple trait. Si j'ai par ailleurs assez peu gouté l'album en tant que tel, j'ai apprécié l'ingénieux jeu graphique qui fait correspondre les lignes d'une case à l'autre formant cette impression d'imbrication et de continuité. Les lignes de vitesse se transforment en rayures du pantalon, le volant se termine par l’œil d'un personnage de la case du dessous. Je ne sais pas trop l'effet que cela donne, probablement que ça contribue à accentuer le propos étrange de l'histoire.

Dans Imbattable, Pascal Jousselin joue sur les passages entre les cases, un peu comme Goltib ou même Töpffer en leur temps.

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Dans la planche de Bouzard extraite de son livre sur le Rubgy (avec Olivier Bras), le phylactère de la case 2 masque le personnage de droite qui apparait dans la case 3 et dévoile un gag. C'est simple mais efficace puisque le cadrage reste à peu près le même et que le discours s'éclaire par un élément qui se révèle.
 
On ne va pas soliloquer sur les procédés mais juste préciser que ces éléments - parmi tant d'autres (la case finale qui incite à tourner la page, le texte qui est DANS l'image, le format des cases qui varie selon les effets voulus, etc) -  NE SONT PAS transférables à un autre médium. Et ces potentialités ne sont pas récentes, elles ont été explorées de tous temps et dès les débuts du médium, relisez Töpffer, Herriman ou McCay !
 
Même en littérature, l'auteur se préoccupe peu de mise en page. Que tel mot termine la page ou qu'un paragraphe soit présent au milieu d'une autre n'est pas des préoccupations d'un romancier, à part peut-être des Oulipiens.
Seule la poésie pourrait donner une forme d'équivalence avec ses rimes et sa forme fixe.
Le livre de bande dessinée est donc un tout, une histoire, une œuvre, séparée en pages, en cases. Le texte et l'image sont imbriqués donnant le meilleur des deux univers, texte et dessin.
 
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Selon moi une des grandes réussites du genre de ces dernières années est un livre d'Alex Baladi, édité chez The Hoochie Coochie : Renégat. Le livre est un superbe récit, tout en noir et blanc,  témoignage de pirate converti raconté dans des entrelacs de bulles et de cases, de témoignages et de flashbacks (Ho.. un terme cinématographique !), de pages chargées ou d'une grande blancheur. La beauté du noir, la qualité du papier, le travail des lettrages de ce livre qui commence par un simple trait au milieu de la page m'ont enchanté.
On peut sinon évoquer le génial Building Stories de Chris Ware, collection de livres de tous formats assemblés dans une boite, tournant autours d'un thème commun... Deux œuvres en tout cas totalement indétournables de leur support premier.
 
Autre particularité de la bande dessinée, c'est un art de solitaires. Si on excepte les travaux des studios (Hergé, Peyo) ou les armées de dessinateurs américains impliqués dans la fabrication d'un comics ou mêmes les ateliers de Mangakas (bon... ça fait un peu beaucoup d'exceptions) l'auteur peut n'être qu'une personne seule, ou il peut n'y avoir que très peu de personnes impliquées dans la réalisation d'un album (dessinateur, scénariste, coloriste). En tous cas rien à voir avec la quantité nécessaire à la réalisation d'un film d'animation, un des critères qui en font une industrie particulièrement dispendieuse. Encore une fois il y a des exceptions, beaucoup de réalisateurs d'animation travaillent seuls mais ils sont plus rares et même Sébastien Laudenbach (la Jeune fille sans mains) ou Bill Plympton ont besoin de musiciens, de comédiens pour incarner les voix, de producteurs, d'assistants ou de coloristes.

Ça veut dire qu'une œuvre de BD complète, complexe, peut émerger de moyens modestes ; de papier et d'encre.

Le solitaire, c'est aussi le lecteur : rares sont les expériences de lecture collective. La BD permet de lire à son rythme, le spectacle se déroule pour soi, juste pour soi, il est en ce sens une relation assez privilégiée entre l'auteur et l'amateur de l'oeuvre, relation elle aussi séquencée puisqu'elle peut s'arrêter et reprendre au gré de la lecture.

 
Le cinéma d'animation, bin hé... c'est du cinéma. Une industrie difficile à contracter, il faut souvent un paquet de monde pour aboutir à la finalisation d'un film et un film est conçu pour être une oeuvre qui s'apprécie en collectivité ; la salle, les téléspectateurs, la famille..
Au cinéma le temps c'est du temps - même s'il peut s'y dilater ou s'y compresser.
Le cadre donne bien des notions de surface mais pas différentes de chez Orson Welles. Si les moyens et la liberté sont plus grands en animation qu'en prise de vue réelle - on peut faire parler des animaux, faire exploser des planètes, voler des baleines et des dragons - grosso modo on a un langage filmique qui à mon avis domine le langage graphique, même s'il y a évidemment des exceptions (les écrans séparés chez Driessen, les pellicules grattées de McLaren, l'écran d'épingle...).

Pourquoi donc confond-on bande dessinée et cinéma d’animation ? Pourquoi se télescopent-ils ? Pour de mauvaises raisons la plupart du temps.

 

Shebam, pow, blop, wiiiz !
Selon moi la principale serait marketing.
En 2015, 28 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des films, téléfilms et dessins animés (rapport ACBD).
Pour lever des fonds (il en faut donc beaucoup pour faire un film ou une série d'animation), on considère qu'une bande dessinée ou une série de bande dessinée avec un personnage qui a déjà un public installé et un patrimoine scénaristique rassurera les investisseurs. Un peu comme une dot dans un mariage de raison. Mauvais calcul selon moi, les publics n'étant pas les mêmes et l'adaptation passant par des filtres qui altèrent ou modifient souvent la série originale, au niveau du style graphique et narratif.
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La célèbre adaptation des Schtroumpfs par Hanna & Barbera avait nécessité en son temps quelques adaptations dommageables : la magie du grand schtroumpf ne passait plus par des potions et des breuvages (imaginez qu'un spectateur s'empoisonne en voulant faire pareil) mais avec des poudres magiques plus inoffensives, il avait aussi fallu ajouter des personnages, humains ou lutins qu'on ne retrouvait pas dans la série de livres.
L'adaptation du petit Spirou me semble un bel exemple récent d'adaptation ratée. Le préquel nostalgique d'un gamin travaillé par ses hormones et tyrannisé par un prof alcoolo et un curé moraliste s'est transformé en une série qui a gommé tout rapport au sexe, a supprimé le personnage du curé et rendu le prof de sport sobre et non fumeur... Un comble. La série animée - qui a probablement des qualités intrinsèques (??) - n'a donc plus rien à voir avec la série de bandes dessinées dont elle est issue.
Au moins le long métrage qui sortira en septembre a l'air un peu plus "conforme"...
 
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Même quand l'adaptation est très respectueuse de l'univers original, comme dans les adaptations du studio Normaal du Gaston de Franquin on a un résultat mitigé. Il faut dire que faire bouger un dessin déjà très mobile quand il est statique revient à faire une surenchère avec laquelle le dessin n'est pas forcément compatible, une sorte de pléonasme, sans même parler de l'adaptation sonore d'un média muet... Sonoriser le gaffophone... non mais je vous demande un peu...
 
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Pensons aussi que les séries animées qui fonctionnent sont souvent adaptées en BD. Même les Kassos, série YouTube, a sa BD, dans le pire des cas ce sont même simplement des photogrammes des films qui sont assemblés pour faire un livre comme pour certains succès des studios Ghibli.
La BD devient un produit dérivé d'une production industrielle cinématographique, se confondant le cas échéant dans l'imaginaire des gens.
 
Ce qui entretient aussi la confusion c'est assez simplement que les auteurs sont parfois les mêmes. Pour des raisons économiques, les dessinateurs de BD sont amenés à exercer leurs talents dans le cinéma d'animation et inversement. Évoquons simplement Guy Delisle, animateur au générique du génial Moine et le Poisson de Michael Dudok de Wit, superviseur sur des séries comme Papyrus, auteur de bande dessinée par ailleurs. Ou les auteurs de LastMan, série de bande dessinée dont l'univers a été décliné en série animée (attention, il y a ici complémentarité des médiums, pas redondance), tous naviguant plus ou moins dans l'industrie du cinéma d'animation (Balak, Sanlaville, Vivès).

On peut aussi souligner que les formations en bande dessinée sont beaucoup plus rares que les formations en animation, des auteurs comme Bastien Vivès, Marion Montaigne ou Ugo Bienvenu pour ne parler que des jeunes générations, ont fréquenté les célèbres Gobelins en animation.
 
Ce que je retiens en ce qui me concerne c'est que si un film est réussi, il l'est différemment du livre dont il est tiré, même quand c'est par leurs auteurs comme pour Akira ou Persepolis, mais ici encore, je préfère - et de loin - les œuvres de bande dessinée à celles animées.
 

D'ailleurs la chose me choque moins quand il s'agit de passer d'une bande dessinée à un film, comme pour Mon ami Dahmer (bientôt au cinéma), Polina, le futur Valérian, Scott Pilgrim, 20th century boys, Poulet aux prunes ou Les petits ruisseaux, ces deux derniers étant même adaptés par leurs auteurs en personne. Le détournement me paraît plus radical et n'exploite que peu l'univers graphique préexistant.

 

La flûte à six schtroumpfs ou Astérix et Cléopatre sont-ils de bons films ?
Malgré tous ces exemples et contre-exemples je fais partie des gens qui considèrent qu'une bande dessinée N'A PAS BESOIN d'être adaptée à l'écran, que bien souvent il s'agit même d'une trahison avec un résultat infiniment inférieur à l’œuvre d'origine. Repensons aux adaptations animées de Tintin, Astérix, LuckyLuke, les Schtroumpfs, Titeuf...

Les créations qui utilisent avec intelligence le médium animé sont tellement enthousiasmantes (Gumball, Molusco, Purple and Brown, Shaun, South Park, Gravity Falls, pour ne citer que quelques séries...) qu'il me parait idiot d'aller détourner une œuvre du répertoire de la bande dessinée pour en faire un mauvais film ou une mauvaise série alors qu'il y a tellement de potentiel dans le média animé en LUI-MÊME.

Et donc en Février : paf... Le doute. Des gens intelligents et dont j'apprécie le travail qui me convainquent qu'on peut finalement faire une bonne bande dessinée ET un bon film sur le même matériau graphique et narratif.

La première conférence était celle d'Arthur de Pins, libre entretien avec Morgan di Salvia.
Bon. Je trouve franchement discutable que les conférenciers aient parlé 40mn sans montrer une seule image, un modèle de ce qu'il faut éviter dans une conférence de ce type. Évoquant ses débuts, Arthur de Pins à parlé pas mal de ses influences et premiers travaux. Bricoler un petit diaporama avec quelques images de Kiraz, de son premier film Géraldine, de ses illustrations érotiques ou de la révolution des crabes n'aurait pas été très compliqué, tout le monde dans la salle n'étant pas forcément au fait de ces références.

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Arthur de Pins a évoqué son début de carrière avec la déception de son second film, l'Eau de Rose, un film dont il a décrit la déchéance (et que j'avoue n'avoir jamais vu). Après le succès de Géraldine, il a facilement trouvé un producteur mais le film s'est embarqué dans des complexités, des jeux d'influences, de délais, qui ont abouti sur une réalisation ratée. Sélectionné dans aucun festival le film n'a eu aucun écho et De Pins a compris qu'il n'envisageait pas sa carrière dans l'animation si c'était pour passer trois ans sur un projet qui aboutissait à un tel fiasco. Il s'est donc redirigé vers l'illustration pour adultes, bricolant par ailleurs des petites choses avec Flash. Un de ces bricolages - la révolution des crabes - a fait un petit buzz sur le net et il s'est retrouvé à dériver le projet (à l'époque je me souviens qu'on parlait même d'un long métrage !) en une trilogie de bandes dessinées. A la demande du journal de Spirou il a aussi commencé une série pour Halloween avec des monstres qui tiendraient un parc d'attraction, Zombillenium.
L'opportunité de décliner l'univers de la série - qui s'est forgé un petit succès de librairie - en film d'animation s'est assez vite imposé. Pas forcément pour des raisons marketing d'ailleurs, mais plus parce que l'auteur ayant les compétences dans les deux domaines, il lui semblait intéressant de décliner l'univers pour l'ouvrir à un public plus large et puis tout simplement parce que l'opportunité s'est présentée, même si le montage financier n'a pas été si simple.
 
qui est touché ?
Ha oui, on n'a pas encore évoqué la chose mais le public qui voit ou lit une œuvre est souvent différent. Un succès de librairie, comme l'Arabe du futur de Riad Sattouf se vend à quelques 300 000 exemplaires. Mais ce succès sont très peu nombreux et la plupart des albums ne se vendent pas à plus de 10 000 exemplaires. Même si la Tortue Rouge tourne à 380 000 spectateurs en France et que Dofus atteint à peine les 90 000 spectateurs, ça sera - hélas - toujours plus que ce que toucherait un livre, surtout qu'un petit succès peut facilement atteindre le million de spectateurs.
Ce que j'ai trouvé passionnant dans la conférence Zombillenium c'est que son auteur a parlé de la nécessité de réécrire la série pour le médium spécifique du cinéma. Le personnage principal de la série de bande dessinée, considéré comme d'un caractère trop passif, ne pouvait selon son auteur s'adapter au rythme d'un film. Il a donc réécrit complètement le personnage pour en faire un acteur plus impliqué dans le déroulement du film et en conséquence remodelé la trilogie de livres pour en condenser l'univers en un long métrage. La particularité aussi de cette série c'est qu'Arthur de  Pins la réalise totalement numériquement, sur une antique version d'Adobe Illustrator. Le passage à l'animation 3D a été facilité par ce rendu digital, certains éléments vectoriels ayant même été réutilisés dans des plans du pilote, le clip de Skip The Use.
Bon, les images montrées ne m'ont pas particulièrement séduites - j'avoue ne pas avoir dépassé le premier tome de la série - pas plus que le teaser qui annonce le film pour Halloween de cette année, ma fille, amatrice de la série, a eu l'air d'y trouver son compte.
 
La seconde conférence réunissait Benjamin Renner, Patrick Imbert et Didier Brunner pour évoquer l'adaptation du film le Grand méchant Renard. En fait de film il s'agit de trois courts métrages prévus comme des spéciaux TV mais finalement assemblés pour sortir au cinéma en cette fin du mois de Juin. Benjamin Renner est l'auteur des bandes dessinées dont les courts sont adaptés (Le Grand méchant Renard et un bébé à livrer), Didier Brunner est le producteur légendaire de Kirikou, des triplettes ou d'Ernest et Célestine (et donc de ce film), Patrick Imbert a réalisé un des trois films (le bébé à livrer).
Là, pardon, mais on a eu droit à une conférence captivante, bien introduite, illustrée, rythmée. Je suis un grand fan de Mr Renner, je trouve qu'à l'image d'un Alexandre Astier, il a su créer un univers singulier, un ton spirituel, sans vulgarité et d'une drôlerie que beaucoup d'auteurs peuvent lui envier. Comme en plus il a un dessin vif, simple, expressif, c'est un des hommes les plus talentueux de sa génération pour ce qui est de produire des films d'animation grands publics et pleins d'humour.
Encore une fois, l'auteur a parlé de la problématique de l'adaptation.
Dans la bande dessinée, Benjamin qui n'aime pas faire de décors se contente souvent de placer le contexte dans la première vignette puis de ne dessiner ensuite que les personnages, les dialogues et les interactions. Un procédé difficile à reproduire en animation. Surtout que les décors sont souvent minimalistes esquissés à l'aquarelle dans une large surface blanche. S'ils ont pensé un temps conserver le procédé de cadre ovale, Benjamin Renner a pris la décision d’adopter une attitude plus classiquement "dessin animé", avec des décors construits et prenant tout le cadre notamment pour éviter les soucis des plans nocturnes délicats à gérer sur fond blanc.
 
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" est-ce que quelqu'un peut récupérer Michel ? "

Un des autres soucis a été de différencier les trois poussins, identiques dans la bande dessinée, il a fallu leur donner des personnalités, vocales puis graphiques, plus cinématographiques. Le choix des voix a été soigneux et les petites intonations de Michel, le copain-poussin sont déjà devenues cultes pour moi ("bonjoumadaaame")... Sur l’adaptation graphique, le choix technique a été le même que sur Ernest et Célestine, une animation sur Flash, un outil simple et universel, image par image sans interpolation, une équipe resserrée d'une douzaine d'animateurs talentueux, un budget ridicule de moins de 4 millions d'euros. Et à voir la qualité de l'acting, l'expressivité des personnages, la qualité de l'adaptation (pas de surprise sur l'histoire qui est la même que dans les livres), j'avoue que j'ai hâte de voir le résultat, dussé-je partager la salle avec des hordes de gamins en sortie scolaire.
 

L'avenir nous dira donc si ces œuvres ont bénéficié de ce détournement de médium, passer de l'état de livre de bande dessinée à celui de film d'animation, si - pour une fois - le film sera aussi réussi, sans pour autant reléguer l’œuvre originale à l'état de sous-produit. Les auteurs étant ici à l’œuvre dans les deux cas, on aura du mal à les accuser de trahison.
 
Bon, voila, je voulais faire cet article depuis longtemps pour crier ma passion de la bande dessinée et du film d'animation en éructant ma haine pédante des amalgames et je me retrouve à grignoter mon chapeau au bout d'un texte confus et trop long.
 
Un jour peut-être je cracherai un fiel plus pur sur ces bandes dessinées qui adaptent des livres : l’étranger de Camus, Robinson Crusoe de DeFoe, Moby Dick de Melville... Non mais franchement... adapter des livres en livres ? Cela ne contribue-t-il pas à relayer la bande dessinée au rang de digest pour analphabètes, trop fainéants pour lire un livre sans images ? Oui mais ils ont déjà été adaptés au cinéma ces livres, et parfois pas par des tacherons (John Huston pour Moby Dick), pourquoi pas en bandes dessinées ? T'es qui pour juger de la pertinence de cette adaptation ? Et que penser des illustrations de Céline par Tardi ? Arrrhhh ! Ta gueule ! Tiens, au fait je n'ai pas le souvenir (à part chez Hergé qui s'est repris lui-même) d'avoir connaissance de remakes de BD... Un nouveau dessinateur qui refait un album ancien... Ni en cinéma d'animation d'ailleurs... Alors qu'en cinéma le procédé est presque courant... Y'aurait-il une spécificité de l'œuvre à aller chercher par là ?
 
Bon, le "roman graphique", ça c'est un sujet de colère authentique ! Associer un terme littéraire pour donner un vernis de sérieux à des bandes dessinées qui sans celui-ci seraient trop vulgaires pour que ces braves intellectuels daignent considérer ces objets comme de vrais livres ?! Didjuu...
 
Bon, je vais prendre une douche froide.
 
 

Il faut toujours citer ses sources, les albums cités :

La série Zombillenium, de Arthur de Pins est éditée chez Dupuis.
Le Grand méchant renard, de Benjamin Renner est édité par Delcourt dans la collection Shampooing.
Un bébé à livrer de Benjamin Renner est disponible chez Vraoum!, la première parution était signée du pseudonyme Reineke.
J'ai mis deux extraits de la géniale série du regretté Richard Thompson, Cul-de-Sac, éditée en France par Urban Comics.
Mort&Vif de Jef Hautot et David Prudhomme est paru chez Futuropolis.
Imbattable de Jousselin est paru chez Dupuis.
Le Rugby, de Guillaume Bouzart et Olivier Bras est paru chez Le Lombard, collection la petite bédéthèque des savoirs.
Renégat, d'Alex Baladi est paru chez The Hoochie Coochie.
Building Stories de Chris Ware a enfin été traduit chez Delcourt.
La série Le petit Spirou de Tome et Janry est paru chez Dupuis.
Les Kassos, de Balak, Chammas et Dos Santos est paru chez Delcourt.
L'arabe du futur de Riad Sattouf est paru chez Allary Editions.

Pour les autres références, cherchez par vous-mêmes...

dimanche 28 août 2016

été teuton

Petit compte rendu graphique de mes vacances familiales en Allemagne. Nous avons fait un long road-trip au départ de Lille. Pour une fois nous sommes partis vers le nord, passant par Anvers et Eindhoven pour rejoindre Hanovre où nous avons fait étape deux jours.

De quoi découvrir le musée Wilhelm Busch du dessin et de la caricature à Hanovre. On est tombé sur une expo temporarie sur la caricature française mais le fond permanent est également très riche.

Hannover - Berlin - Mainz

Le but du voyage était Berlin où nous avons passé une semaine. Pour une fois j'ai ressorti un peu le carnet pour prendre quelques croquis, surtout pour donner l'exemple à ma fille qui devait le faire pour l'école.

Au retour nous avons fait étape à Mayence, pour visiter le musée Gutenberg, un peu vieillot mais proposant des pièces magnifiques. Ils ont notamment trois bibles à 42 lignes présentées dans un coffre fort, premier livre imprimé dont il ne reste que 44 exemplaires au monde...

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Berlin m'a beaucoup plu, nous n'avons pas fait énormément de musées mais profitté surtout pour visiter en vélo, aller dans les innombrables restos de la ville. J'ai découvert une Allemagne assez éloignée de mes souvenirs de voyages linguistiques des années 80. Dans quelle autre ville au monde peut-on croiser une rue de la commune de Paris croisant une avenue Karl Marx ?
Je conseille quand même le musée des choses, un étonnant fourre-tout d'objets manufacturés à partir du XIXe. On a aussi mangé dans un restaurant coréen, le Kimchi Princess qui vaut le détour, les deux sont d'ailleurs assez proches l'un de l'autre.

 

J'ai été assez fasciné par l'habitude étrange des affichistes, visiblement tolérée par la municipalité, d'enduire les fûts des poteaux de lampadaires d'une épaisseur impressionnante de couches d'affiches de spectacles... Vu la largeur de l'ensemble, ça doit bien dater de quelques années, les fûts ainsi constitués servant par ailleurs aux berlinois pour poser divers objets, verres, bouteilles, cendriers...

 

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jeudi 18 août 2016

la queue sur le billard

Certes le titre est scabreux mais je ne peux résister à un calembour facile car oui, je vais parler maintenant de chirurgie génitale comme je l'avais promis, zizi et bistouri aurait pu coller aussi.

Sujet peu courant en fait mais comme j'ai récemment eu une seconde opération à cet endroit de mon corps et qu'il y a finalement assez peu de témoignages sur le sujet (remarque j'ai pas vraiment cherché), je me dis que ça peut être utile à quelques lecteurs(trices) qui tomberaient dessus par recherche fortuite, je ne pense pas que le sujet soit très recherché ni putaclic mais bon, je verrai si ça fait péter les stats... Et puis si on entend parler d'hyménoplastie ou de chirurgie des grandes lèvres chez les femmes, la chirurgie génitale masculine a assez peu de presse.

ronger son frein

La première intervention de chirurgie pénienne que j'ai eue date d'il y a plus de vingt ans. Quand j'ai commencé à avoir des relations sexuelles impliquant la participation de personnes tierces, ou comme Brassens chantait "à l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus" (en l’occurrence et pour ceux que ça intéresse, ces tierces personnes étaient toutes de sexe féminin. Je pense que le problème eut été plus radical encore si ça avait été de l'autre genre, mais après tout, je n'en sais rien...) je me suis rendu compte de sensations assez désagréables de tiraillements à la base du gland. Une chose à laquelle j'ai porté assez peu d'attention ou qui disons le plutôt, passait au second plan derrière l'excitation sexuelle. Disons le aussi, les dames avec lesquelles j'ai joué au début, jeunes comme je l'étais, avaient des - hmmm disons pour n'être pas trop vulgaire - proportions étroites, ou une lubrification insuffisante (en y réfléchissant je me demande... non, je ne vais pas trop y réfléchir...) qui faisaient que mon membre - de proportions tout ce qu'il y a de plus moyennes - tiraillait à la pénétration. Les premiers émois sont aussi les plus maladroits, la technique, je dirais même la géométrie corporelle balbutiante (angles, positions...) ne m'ont pas permis de repérer le problème rapidement.

C'est lors d'une partie de galipette que j'ai ressorti mon pénis ensanglanté du vagin de ma copine. Cette dernière a cru que ça venait d'elle mais en fait non. C'était bien moi qui saignait, le frein du pénis s'étant déchiré.

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J'en profite pour placer ici les recherches de pictogrammes de pénis que j'ai fait pour l'épisode#7 d'H2E, devant représenter l'émasculation de l'Amiral de Coligny. Aucun ne m'a semblé satisfaisant et j'ai décidé d'opter pour le plus simple et le plus évident, le plus à droite.

Le frein c'est le petit bout de peau, assez étroit, qui retient le prépuce à la base du pénis, en dessous du gland. Et donc le mien était trop court. Notons que si j'avais été circoncis, le problème n'aurait probablement pas eu lieu, même si je me félicite en lisant cet article de ne pas l'être... Le médecin de famille à qui j'ai montré la chose m'a conseillé de faire une petite intervention chirurgicale pour être plus à l'aise. J'ai suivi son conseil et à 19-20 ans j'ai pris tout seul rendez-vous dans une clinique privée de ma région pour l'opération.

Bizarrement je me souviens très bien de l'opération, pas seulement pour le bénéfice qui a suivi mais pour le bistouri électrique qu'a utilisé le chirurgien. Réalisée en anesthésie locale, je n'ai rien vu mais j'ai entendu les claquements secs du bistouri et senti la chair brûlée ("mais putain il me crame la bite ce con ?"). L'avantage de la technique c'est la cautérisation par brûlure de la plaie et donc pas de saignement. Je suis ressorti très rapidement de la clinique, une grosse poupée autour du nœud. J'ignore si c'était pour me rassurer mais le chirurgien m'a dit que c'était une opération très banale et qu'il en faisait trois par jour, ce qui m'a un peu étonné mais c'est vrai que j'ai rarement parlé d'un tel sujet avec quiconque, difficile donc d'en connaitre les statistiques, une petite recherche sur le net me dit qu'il s'agit d'une plastie du frein préputial mais sans plus de détails sur sa fréquence.

Mouais.

vas-y tommy !

La seconde opération, vingt ans plus tard a un nom plus connu, même si ses modalités le sont moins : la vasectomie.

Là ça commence par une envie chez ma femme. Douze ans après la naissance de notre second enfant, elle doit renouveler son stérilet et ça la gave, elle a envie de reprendre un cycle normal et d’arrêter de s'emmerder avec ces histoires de contraception. Le problème c'est qu'elle a encore une dizaine d'années de fécondité en réserve dans son horloge biologique. Sa gynéco lui parle de vasectomie, elle me dit "t'en pense quoi ?", j'ui réponds "bin ouais, pourquoi pas ?".

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Je me suis vu un peu tel le chevalier servant, donnant à la dame de ses pensées le gage ultime de l'amour et de la fidélité : arrêter de façon irréversible ma propre fécondité pour garantir que je n'irai pas créer un autre nid rempli de rejetons ailleurs. Plus sérieusement je me suis dit que si, sur nos vingt cinq ans de vie commune, elle s'était fadée la responsabilité de la contraception de notre couple, je pouvais bien prendre le relai pour les dix années de fécondité qu'il lui restait. Et on serait encore loin de l'égalité. D'autant qu'à quarante quatre ans, je me vois mal procréer de nouveau avec une jeunesse, mon épouse ayant passé le délai généralement admis pour une procréation sans risque.

Pour faire des enfants, il vaut mieux être jeune, ou avoir de l'argent pour payer des gens qui s'en occupent. En tous cas nous, deux ça nous suffit.

La réflexion a donc été rapide.

Contrairement à toutes les démarches que j'ai ensuite dû faire.

Entre la décision prise en ma conscience (je n'ai pas d'âme) et la constatation de l'efficacité de l'opération, il s'est bien passé un an et demi : premièrement prise de rendez-vous chez l'andrologue, le spécialiste qui s'occupe de ces choses là. Délai : trois à quatre mois. Séance d'information, papiers à signer et délai légal de réflexion de quatre mois (des fois que vous changiez d'avis... l'administration française à des procédures d'une bêtise...). Dans la procédure on vous propose de faire un prélèvement de sperme que j'ai refusé pour une éventuelle FIV ultérieure, l'opération étant réputée irréversible. Rendez-vous avec l'anesthésiste. Opération. Petit délai pour rétablissement et réalisation d'un spermogramme de vérification, rendez-vous final chez l'andrologue (délai à chaque fois : ils sont très occupés) qui regarde tout ça et vous déclare enfin stérile. Hop, ça y est chérie tu peux virer tout le bouzin, je m'occupe de tout.

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L'opération ? Assez simple. Elle consiste en la section et la ligature des canaux déférents dans le scrotum (la bourse y disent... C'est moche je trouve, plus moche que couilles). Il faut savoir que les testicules ne produisent QUE les spermatozoïdes. L'expression vulgaire et que j'aborre de se "vider les couilles" est donc d'une connerie crasse en plus d'être d'une grand vulgarité. Les spermatozoïdes sont produits à 33°, ce qui nécessite que les testicules soient placés en dehors du corps, plus chaud. C'est d'ailleurs un des procédés de contraception masculin : le slip chauffant ou celui qui relève les testicules pour qu'ils soient chauffés par le corps.

Il faut une incision de chaque coté, les deux testicules étant dans des compartiments séparés (sinon ils s’emmêleraient, hé...). Chaque incision fait cinq millimètres, la cicatrice est ensuite totalement invisible, la peau du scrotum ayant d'étonnantes propriétés (on a tous observé les fascinants courants de contraction qui l'agitent quand on souffle dessus au repos...).

L'opération devait avoir lieu sous anesthésie locale mais l'anesthésiste a eu la main un peu lourde, ou n'a pas voulu s'emmerder, et j'ai perdu totalement connaissance. Les parties sont rasées avant l'opération, vous vous retrouvez après avec un sexe de pornstar mais le scrotum violacé et des strips collants en deux endroits.

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Je suis sorti le jour même de l'opération et j'ai pu travailler le lendemain mais il faut avouer que pendant une bonne semaine vous vous levez avec l'impression qu'on vous a flanqué un bon coup de pied dans les roustons pour vous réveiller. Les points se sont aussi un peu infectés mais rien de grave. Un mois après tout est rentré dans l'ordre.

Le plus étonnant c'est qu'ensuite rien n'a changé. J'ai constaté que la semence émise n'avait en rien changé en terme de consistance, de couleur ou de volume. Wikipedia m'apprend que ce que produisent les testicules compose moins de 20% de la semence masculine, les spermatozoïdes 3%... Mais aussi pour tout le reste : désir, érection, libido, vie sexuelle, tout est resté inchangé. Je ne me suis pas senti pour autant augmenté d'un pouvoir de baiser à tort et à travers en toute sécurité comme j'ai pu le lire dans les rares témoignages de vasectomisés. En fait rien n'a changé DU TOUT. Les spermatozoïdes sont toujours produits mais ne sont plus acheminés dans les réservoirs spermatiques autours de la prostate, ils se déversent dans le corps et sont retraités par "la plus efficace machine de recyclage qui soit" comme me l'a dit l'andrologue.

La vasectomie est une opération courante dans les pays anglo-saxons réalisée par 15 à 20% des hommes, en France, ça reste un choix peu courant et qui n'a été légalisé qu'en 2001. Je ne milite pas spécialement pour mais j'essaie juste de témoigner pour éviter les amalgames crétins et les contre-vérités, je n'ai pas changé de voix, perdu ma barbe ou une quelconque virilité - si tant est que j'en ai jamais eu. Tout est exactement pareil qu'avant l'intervention, mais maintenant je ne peux plus faire d'enfants. M'en fout j'en ai déjà deux, et des beaux !

Allez, pour terminer, un rébus de salle de garde, transmis par un enseignant quand j'étais encore à l'école Boulle et qui nécessite un peu de vocabulaire...

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Réponse du rébus : un sous dard, nœud, vit, queue, deux rats, pine, zob, Seine. "Un soudard ne vit que de rapines obscènes".

 

samedi 19 mars 2016

Urologie#2 : l'effet Coanda

Voici donc le second billet du pipi.
 
Je voulais parler d'un soucis de water assez commun et pour lequel la gent masculine est souvent l'objet de quolibets voire d'insultes quand ça n'est pas un objet de divorce.
 
de l'arrosage des bouts de souliers
J'en parle d'autant plus volontiers que c'est moi qui - en mon logis - nettoie le plus souvent les toilettes, je ne me sens donc pas spécialement fautif en ce qui concerne les conséquences de ce dont je vais parler ici.
 
Car oui, je veux bien évidemment parler de l'aptitude que nos mâles appendices ont à foutre de la pisse partout quand on urine.
 
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Les stratégies industrielles n'ont pas manqué : mouches sérigraphiées dans la cuvettes, fausses traces de caca imprimées, la malédiction persiste quand même...
 
Je voulais rappeler aux dames que si l'appareil urinaire masculin est externe, la physique des fluides est notre pire ennemi : la nature nous a pourvu de la faculté de pisser facilement (voir billet précédent) mais elle s'est jouée de nous en faisant en sorte que nous en foutions partout.
Pas mal de raisons mécaniques ; le prépuce chiffonné, le pli du méat un peu torve ou le jet irrégulier (puissant en début et qui se tarit progressivement). Faites donc l'essai quand vous arrosez vos plantes (sans embout ni pistolet, je précise, avec juste un embout pincé) de ne pas mettre ne serait-ce qu'une goutte en dehors de ce que vous visez et vous vous rendrez compte que ce que nous faisons quotidiennement n'est finalement pas si maladroit que ça, en soit c'est même un petit exploit d'en mettre si peu à coté.
 
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Le pire étant quand, mal réveillé, le matin, un prépuce un peu collé, la visée approximative, la vigilance encore cotonneuse, vous devez affronter un soudain jet double qui part avec vigueur asperger les cotés sans rien mettre de l'urine odorante (la plus concentrée, celle de la nuit) dans la cuvette. Difficile de redresser le tir, il y a bien la technique du fusil à pompe, calotter-décalotter-recalotter pour dégager les voies, mais le pire est souvent fait et on en rajoute encore un peu plus.
 
Henri Coanda, ingénieur Roumain

 

 

Il y a encore l'effet "théière", scientifiquement appelé effet Coanda : bifurcation stationnaire dans un écoulement fluide. C'est la loi qui fait qu'une petite anfractuosité ou un rebord un peu trop courbe peut dissocier le flux liquide qui va traitreusement envoyer un petit filet sur le coté. Terrible et retors, le pire étant que le filet en question reste souvent en dessous, caché par la perspective et c'est quand on remballe le serpent de pantalon (trouser-snake), comme disent nos amis anglais, qu'on se rend compte qu'on a le bout des chaussures ou le devant de la cuvette aspergé.
 
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Les plus consciencieux épongent avec du PQ, les autres s'en foutent.
Ceci explique le design ce certains urinoirs avec leur bec un peu en avant, comme sur la fameuse fontaine de Duchamp qui - rappelons le - est présentée à l'envers évidemment.
 
Ceci explique aussi l'insupportable état des toilettes pour homme, bouquet odorant et glissant d'urines diverses. Z'avez qu'à pisser assis. Bin oui mais non... si on PEUT pisser debout, en ouvrant simplement sa braguette, on ne va pas se désaper à moitié pour quelques secondes...
 
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Terminons donc ces digressions urinaires par quelques curiosités.
J'avais été interpelé en République Tchèque par des publicités du meilleur effet placées DANS les urinoirs. Les publicitaires déployant des trésors d'inventivité pour utiliser les territoires fortement sexués. Pas de danger qu'une personne du mauvais sexe (en terme de ciblage bien sur) ne voit ce qui est placé dans les toilettes, la plupart du temps réservés à un genre. C'est donc le territoire idéal pour faire des pubs pour le foot, les pompiers, la bière ou des services érotico-sexuels.
 
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La classe.
 
La prochaine fois je vous parlerai de chirurgie génitale. Ha ha... Teasing de ouf.

mardi 29 septembre 2015

urologie #1 : étanchéité

C'est un des détails qui m'a fait comprendre que je vieillissais. Oh les signes sont finalement bien plus nombreux que je ne voudrais me l'avouer mais celui-ci a porté atteinte à ma mâle fierté, celle-là même que je ne pensais pas avoir.

Il s'agit de pipi.

Et voila ! C'est pas le quatrième billet qu'il parle déjà de sa bite.

Ouais. Et alors ?

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Passé la quarantaine je me suis simplement rendu compte que moi aussi je devais m'essuyer quand j'avais fini d'uriner. He oui. Comme une fille. La honte. Mais pour des histoires de tuyauterie, de valve ou je ne sais quel clapet, mon male appendice n'en finit pas de crachoter des gougouttes même quand l'envie et le soulagement sont passés.

Incontinence ? Voire.

Mais à priori ça ne dépasse pas les quelques gouttes qui ne s'épongent d'un petit tamponnage au bout du gland, un truc simple mais qui - s'il n'est pas correctement fait - déverse quelques millilitres d'urine dans le caleçon sur le haut de la cuisse et bon, ça peut se voir avant que ça n'ait le temps de sécher quand ça va tacher le pantalon.

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Comme tous les garçons, j'ai rapidement pris conscience de cette indiscutable - et injuste - supériorité masculine dans le domaine du pipi. Alors qu'on peut dégainer en se plaçant simplement face à un arbre ou un mur et uriner en toute puissance, la fille doit se trouver un coin à l'abri pour se dénuder les fesses, s'accroupir subrepticement et uriner dans l'herbe. Mais aussi, elle doit se trouver un petit bout de papier pour éponger le délicat enchevêtrement de chair, prépuce, petites et grandes lèvres, que le méat urinaire a copieusement arrosé d'urine au passage, la physique des fluides, hé, ça ne pardonne pas. Si elle ne fait pas ce petit essuyage en règle, elle a une désagréable impression en se reculottant, alors que le garçon a déjà fini son affaire et tape du pied en disant "bon, t'as fini ?".

la dernière goutte est pour le slip

Ludwig von 88, Assez.

Allez, c'est pas bien grave. Et je l'ai bien vu quand j'ai pour la première fois déculotté une demoiselle avant de plonger mon nez dans sa grisante toison (oui, moi je n'ai connu que des femmes AVEC des poils pubiens.. hé), ce soleil d'aquarelle au fond de la culotte blanche. Et avouons le, l'urine et son odeur participent de ce bouquet enivrant qui apéritive l'exercice copulatoire. Alors qu'il n'y a pourtant pas grand chose de plus écœurant qu'une odeur d'urine quand elle vous emplit les narines au coin d'une rue humide et chaude - derrière une église ou sous une porte cochère, délicatement dosée elle participe à la composition savante du parfum sexuel. Tout est question de proportions - et de contexte aussi évidemment.

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Alors OUI, je sais que certaines femmes urinent debout, certain(e)s se sont emparé(e)s du problème (il y a même une quantité de modèles différents, Pstyle, Gogirl, SheWee...), que les culottes des dames - surtout à la campagne - étaient largement fenêtrées à l’entrejambe pour - en écartant simplement les jambes et relevant un peu le tissu de la robe devant - uriner en toute simplicité au milieu d'une activité pratique. Mais si j'en crois la délicieuse gravure de Rembrandt qui orne mon toilette, la miction est une activité qui nécessite depuis longtemps pour la femme cette pose qui rapproche la source du sol sur laquelle elle s'épanche.

pipicasso.jpgAlors que l'homme peut rester fièrement debout.

Et ne pas s'essuyer.

Mais plus moi.

Voila.

 

 

S'épancher publiquement sur l'incontinence et les culottes de jeunes filles... Ha... c'est pas beau de vieillir.

Pour clore ce premier billet sur le pipi (oui, j'ai prévu d'en faire au moins un autre), je précise que l'urologie est une spécialisation médicale sur les reins et les organes sexuels. Pas que ça m’intéresse plus que ça mais les termes d'ondinisme, d'urophilie ou d'urolagnie me paraissaient déplacés : je ne suis pas fétichiste de l'urine, dieu merci.

J'illustre enfin ce billet d'un des rares peintres qui s'est intéressé au motif trivial de la pisseuse ; pipicasso.

Sinon, l'excellente Marion Montaigne s'est intéressée au sujet, chez les femmes et chez les hommes, c'est plutôt singulier et ça méritait d'être souligné.

 

 

mercredi 9 septembre 2015

troue taïpe fayle

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Commençons donc par un sujet qui me tient à coeur avec un petit logiciel que je me permets de vous conseiller en toute simplicité : Birdfont.

Ce logiciel - gratuit pour un usage non-commercial - est un générateur de fonte disponible sur PC, Mac et Linux. Il permet de dessiner des typographies du début à la fin, avec des outils assez élaborés et une interface simple mais efficace. Il dispose d'outils de vectorisation d'images scannées, des outils de transformation (rotation, homothéties...) bien évidemment, avec des boutons en cliqué-glissé un peu déroutants mais finalement assez opérant. Mais pour tout dire je n'ai pas beaucoup utilisé les outils spécifiques de création puisque le logiciel dispose d'une fonction fort pratique pour les vieux routards d'Adobe Illustrator comme moi. Car il permet d'importer directement des graphismes vectoriels enregistrés au format scalable vector graphic (SVG), un format enregistré nativement par le logiciel vectoriel d'Adobe.

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un logiciel gratuit de création typographique

Plus fort même : pour peu que vous ayez organisé vos fichiers dans un dossier en nommant clairement chaque fichier (a.svg pour la lettre a, b.svg pour la lettre b, etc.) vous pouvez importer tout le dossier d'un coup. En quelques opérations vous trouvez donc vos glyphes bien rangés dans BirdFont et il ne vous reste plus qu'à organiser quelques réglages : hauteur d'x, approches de pairs, accents...

Le logiciel semble aussi gérer les ligatures mais comme il n'exporte pour le moment qu'en .TTF (TrueType), .EOT (Embedded OpenType, un format spécifiquement dédié à l'usage sur internet conçu par Microsoft) ou .SVG, j'ignore comment utiliser ces fonctions à bon escient.

Il faut bien dire que dans le lot des logiciels de création typographique, dominé par les logiciels de FontLab, tous assez onéreux et techniques, l'arrivée d'un honnète logiciel abordable est une excellente nouvelle. Je salue donc le développeur de BirdFont : Johan Mattsson. Dieu le garde.

Avec un passage par le générateur de @fontface de FontSquirrel qui permet d'optimiser les polices pour un usage sur des pages web, vous voici avec tout ce qu'il faut pour utiliser vos propres typos sur vos pages web. De quoi éviter les lieux communs et personnaliser un peu plus ses designs. Mais je ne cache pas que c'est une opération un peu technique et pas forcément heureuse pour peu qu'on ait une écriture illisible.

ma didone à moi

S'il ma fallu un peu plus de deux demi-journées pour optimiser la mienne, je conçois qu'il ne soit pas forcément à la portée du premier venu de faire ce travail. Je suis même assez étonné d'être parvenu si facilement à un résultat que je qualifierai de satisfaisant compte tenu du peu de temps que j'y ai passé et surtout du souvenir que j'ai pu garder d'autres logiciels de création typo... Nul doute que les spécialistes ne trouveront probablement pas leur compte dans ce petit logiciel mais j'ai l'impression que c'est un petit outil d'initiation bien branlé - si vous me passez l'expression.

decimo_stylo.pngDonc cette superbe didone-grabouillée qui orne ce blog s'appelle la Decimo et, dans ma grande bonté, je vous la laisse télécharger en suivant ce lien-ci. Le nom est issu du modèle de stylo plume qui m'a servi à la dessiner ; un plume rétractable de marque Pilot, hors de prix mais infiniment agréable à utiliser. Je vous conseille.

Moi, je me le suis fait offrir pour mon anniversaire.

C'est passionnant je sais.

Comme typographie de soutien et de texte-courant pour ce blog j'ai longtemps hésité entre conserver l'honnète Georgia de Matthew Carter dessinée en 1993 et la Droid serif dessinée en 2007 par Steve Matteson... J'ai opté pour la seconde, plus à la mode... Bah.

 

jeudi 27 août 2015

Pense-bête

Me voici donc me lançant dans l'aventure d'une publication autoéditée en ligne.

Un blog quoi. Pouah.

Nul ne sait si je dépasserai les premiers billets - ceux que j'ai déjà prévu d'écrire - ni si ça m'amusera toujours dans quelques temps. Mais en grand lecteur de publications en ligne, qui selon moi permettent de capter la gracieuse humanité de leurs auteurs - cela même quand ils parlent de sujets scabreux - je suis curieux de me mettre à la contrainte. Je la considère un peu comme un bloc-note, un carnet de remarques écrites par un idiot pour étaler sa pensée, littéralement : un pense-bête.

Mais comme tous les blogs écrits et/ou dessinés il tiendra probablement le rôle d'analyse à ciel ouvert, un impudique divan d'où s'épanchera ma bile et autres humeurs visqueuses.

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Qu'y raconterai-je ? De tout et de rien. Je causerai évidemment de ce qui m'intéresse, dans le vaste domaine de la culture (cinéma d'animation, BD, musique, graphisme, jeu vidéo...) mais aussi des choses triviales que vit un quadragénaire né au siècle dernier, reflexions de vieux con sur la prostate et le scandaleux manque de pilosité des pornstars actuelles... Les catégories que j'ai prévu d'utiliser sont simplement au nombre de trois :

- nues et piedestaux : évoquer tout ce que je porte aux nues ou place sur un piedestal, les choses que j'aime, apprécie ou simplement salue comme d'intérêt.

- pilori et gémonies : l'inverse des premières, tout ce qui me semble mériter le pilori, cet infame collier qui exposait publiquement les condamnés. Tout ce que je voue aux gémonies, cet escalier où les supliciés étaient exposés. Il pourra s'agir aussi de simples coups de gueules sur un système ou des principes sans viser spécialement une personne ou une oeuvre.

- ratiocinations et digressions : pensées diverses, forcément crétines puisqu'exprimées par un idiot, moi. Donc tout ce qui n'entre pas dans les deux précédentes catégories.

Simple.

J'ai passé un peu de temps à bricoler l'interface, histoire de m'amuser un peu. Même si tout n'est pas parfait et méritera certainement des aménagements il faut bien se lancer, je complèterai au fur et à mesure.

Ha oui. L'objectif est aussi que je me remette un peu au dessin. Oh rien de bien extraordinaire, n'étant pas un bon illustrateur, tout au plus des dessins sur le vif, des trucs vite fait. Mais en fait j'en sais rien. On verra bien.

Lecteurs soyez donc indulgents.

Sinon vous n'êtes pas obligés de lire, l'internet est un endroit qui ne manque pas d'ailleurs.