Certes le titre est scabreux mais je ne peux résister à un calembour facile car oui, je vais parler maintenant de chirurgie génitale comme je l'avais promis, zizi et bistouri aurait pu coller aussi.

Sujet peu courant en fait mais comme j'ai récemment eu une seconde opération à cet endroit de mon corps et qu'il y a finalement assez peu de témoignages sur le sujet (remarque j'ai pas vraiment cherché), je me dis que ça peut être utile à quelques lecteurs(trices) qui tomberaient dessus par recherche fortuite, je ne pense pas que le sujet soit très recherché ni putaclic mais bon, je verrai si ça fait péter les stats... Et puis si on entend parler d'hyménoplastie ou de chirurgie des grandes lèvres chez les femmes, la chirurgie génitale masculine a assez peu de presse.

ronger son frein

La première intervention de chirurgie pénienne que j'ai eue date d'il y a plus de vingt ans. Quand j'ai commencé à avoir des relations sexuelles impliquant la participation de personnes tierces, ou comme Brassens chantait "à l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus" (en l’occurrence et pour ceux que ça intéresse, ces tierces personnes étaient toutes de sexe féminin. Je pense que le problème eut été plus radical encore si ça avait été de l'autre genre, mais après tout, je n'en sais rien...) je me suis rendu compte de sensations assez désagréables de tiraillements à la base du gland. Une chose à laquelle j'ai porté assez peu d'attention ou qui disons le plutôt, passait au second plan derrière l'excitation sexuelle. Disons le aussi, les dames avec lesquelles j'ai joué au début, jeunes comme je l'étais, avaient des - hmmm disons pour n'être pas trop vulgaire - proportions étroites, ou une lubrification insuffisante (en y réfléchissant je me demande... non, je ne vais pas trop y réfléchir...) qui faisaient que mon membre - de proportions tout ce qu'il y a de plus moyennes - tiraillait à la pénétration. Les premiers émois sont aussi les plus maladroits, la technique, je dirais même la géométrie corporelle balbutiante (angles, positions...) ne m'ont pas permis de repérer le problème rapidement.

C'est lors d'une partie de galipette que j'ai ressorti mon pénis ensanglanté du vagin de ma copine. Cette dernière a cru que ça venait d'elle mais en fait non. C'était bien moi qui saignait, le frein du pénis s'étant déchiré.

zobs.gif
 

J'en profite pour placer ici les recherches de pictogrammes de pénis que j'ai fait pour l'épisode#7 d'H2E, devant représenter l'émasculation de l'Amiral de Coligny. Aucun ne m'a semblé satisfaisant et j'ai décidé d'opter pour le plus simple et le plus évident, le plus à droite.

Le frein c'est le petit bout de peau, assez étroit, qui retient le prépuce à la base du pénis, en dessous du gland. Et donc le mien était trop court. Notons que si j'avais été circoncis, le problème n'aurait probablement pas eu lieu, même si je me félicite en lisant cet article de ne pas l'être... Le médecin de famille à qui j'ai montré la chose m'a conseillé de faire une petite intervention chirurgicale pour être plus à l'aise. J'ai suivi son conseil et à 19-20 ans j'ai pris tout seul rendez-vous dans une clinique privée de ma région pour l'opération.

Bizarrement je me souviens très bien de l'opération, pas seulement pour le bénéfice qui a suivi mais pour le bistouri électrique qu'a utilisé le chirurgien. Réalisée en anesthésie locale, je n'ai rien vu mais j'ai entendu les claquements secs du bistouri et senti la chair brûlée ("mais putain il me crame la bite ce con ?"). L'avantage de la technique c'est la cautérisation par brûlure de la plaie et donc pas de saignement. Je suis ressorti très rapidement de la clinique, une grosse poupée autour du nœud. J'ignore si c'était pour me rassurer mais le chirurgien m'a dit que c'était une opération très banale et qu'il en faisait trois par jour, ce qui m'a un peu étonné mais c'est vrai que j'ai rarement parlé d'un tel sujet avec quiconque, difficile donc d'en connaitre les statistiques, une petite recherche sur le net me dit qu'il s'agit d'une plastie du frein préputial mais sans plus de détails sur sa fréquence.

Mouais.

vas-y tommy !

La seconde opération, vingt ans plus tard a un nom plus connu, même si ses modalités le sont moins : la vasectomie.

Là ça commence par une envie chez ma femme. Douze ans après la naissance de notre second enfant, elle doit renouveler son stérilet et ça la gave, elle a envie de reprendre un cycle normal et d’arrêter de s'emmerder avec ces histoires de contraception. Le problème c'est qu'elle a encore une dizaine d'années de fécondité en réserve dans son horloge biologique. Sa gynéco lui parle de vasectomie, elle me dit "t'en pense quoi ?", j'ui réponds "bin ouais, pourquoi pas ?".

chevaleresque.gif
 

Je me suis vu un peu tel le chevalier servant, donnant à la dame de ses pensées le gage ultime de l'amour et de la fidélité : arrêter de façon irréversible ma propre fécondité pour garantir que je n'irai pas créer un autre nid rempli de rejetons ailleurs. Plus sérieusement je me suis dit que si, sur nos vingt cinq ans de vie commune, elle s'était fadée la responsabilité de la contraception de notre couple, je pouvais bien prendre le relai pour les dix années de fécondité qu'il lui restait. Et on serait encore loin de l'égalité. D'autant qu'à quarante quatre ans, je me vois mal procréer de nouveau avec une jeunesse, mon épouse ayant passé le délai généralement admis pour une procréation sans risque.

Pour faire des enfants, il vaut mieux être jeune, ou avoir de l'argent pour payer des gens qui s'en occupent. En tous cas nous, deux ça nous suffit.

La réflexion a donc été rapide.

Contrairement à toutes les démarches que j'ai ensuite dû faire.

Entre la décision prise en ma conscience (je n'ai pas d'âme) et la constatation de l'efficacité de l'opération, il s'est bien passé un an et demi : premièrement prise de rendez-vous chez l'andrologue, le spécialiste qui s'occupe de ces choses là. Délai : trois à quatre mois. Séance d'information, papiers à signer et délai légal de réflexion de quatre mois (des fois que vous changiez d'avis... l'administration française à des procédures d'une bêtise...). Dans la procédure on vous propose de faire un prélèvement de sperme que j'ai refusé pour une éventuelle FIV ultérieure, l'opération étant réputée irréversible. Rendez-vous avec l'anesthésiste. Opération. Petit délai pour rétablissement et réalisation d'un spermogramme de vérification, rendez-vous final chez l'andrologue (délai à chaque fois : ils sont très occupés) qui regarde tout ça et vous déclare enfin stérile. Hop, ça y est chérie tu peux virer tout le bouzin, je m'occupe de tout.

videcouille.gif
 

L'opération ? Assez simple. Elle consiste en la section et la ligature des canaux déférents dans le scrotum (la bourse y disent... C'est moche je trouve, plus moche que couilles). Il faut savoir que les testicules ne produisent QUE les spermatozoïdes. L'expression vulgaire et que j'aborre de se "vider les couilles" est donc d'une connerie crasse en plus d'être d'une grand vulgarité. Les spermatozoïdes sont produits à 33°, ce qui nécessite que les testicules soient placés en dehors du corps, plus chaud. C'est d'ailleurs un des procédés de contraception masculin : le slip chauffant ou celui qui relève les testicules pour qu'ils soient chauffés par le corps.

Il faut une incision de chaque coté, les deux testicules étant dans des compartiments séparés (sinon ils s’emmêleraient, hé...). Chaque incision fait cinq millimètres, la cicatrice est ensuite totalement invisible, la peau du scrotum ayant d'étonnantes propriétés (on a tous observé les fascinants courants de contraction qui l'agitent quand on souffle dessus au repos...).

L'opération devait avoir lieu sous anesthésie locale mais l'anesthésiste a eu la main un peu lourde, ou n'a pas voulu s'emmerder, et j'ai perdu totalement connaissance. Les parties sont rasées avant l'opération, vous vous retrouvez après avec un sexe de pornstar mais le scrotum violacé et des strips collants en deux endroits.

roustons.gif
 

Je suis sorti le jour même de l'opération et j'ai pu travailler le lendemain mais il faut avouer que pendant une bonne semaine vous vous levez avec l'impression qu'on vous a flanqué un bon coup de pied dans les roustons pour vous réveiller. Les points se sont aussi un peu infectés mais rien de grave. Un mois après tout est rentré dans l'ordre.

Le plus étonnant c'est qu'ensuite rien n'a changé. J'ai constaté que la semence émise n'avait en rien changé en terme de consistance, de couleur ou de volume. Wikipedia m'apprend que ce que produisent les testicules compose moins de 20% de la semence masculine, les spermatozoïdes 3%... Mais aussi pour tout le reste : désir, érection, libido, vie sexuelle, tout est resté inchangé. Je ne me suis pas senti pour autant augmenté d'un pouvoir de baiser à tort et à travers en toute sécurité comme j'ai pu le lire dans les rares témoignages de vasectomisés. En fait rien n'a changé DU TOUT. Les spermatozoïdes sont toujours produits mais ne sont plus acheminés dans les réservoirs spermatiques autours de la prostate, ils se déversent dans le corps et sont retraités par "la plus efficace machine de recyclage qui soit" comme me l'a dit l'andrologue.

La vasectomie est une opération courante dans les pays anglo-saxons réalisée par 15 à 20% des hommes, en France, ça reste un choix peu courant et qui n'a été légalisé qu'en 2001. Je ne milite pas spécialement pour mais j'essaie juste de témoigner pour éviter les amalgames crétins et les contre-vérités, je n'ai pas changé de voix, perdu ma barbe ou une quelconque virilité - si tant est que j'en ai jamais eu. Tout est exactement pareil qu'avant l'intervention, mais maintenant je ne peux plus faire d'enfants. M'en fout j'en ai déjà deux, et des beaux !

Allez, pour terminer, un rébus de salle de garde, transmis par un enseignant quand j'étais encore à l'école Boulle et qui nécessite un peu de vocabulaire...

rebus.gif
 

 

Réponse du rébus : un sous dard, nœud, vit, queue, deux rats, pine, zob, Seine. "Un soudard ne vit que de rapines obscènes".