C'est un des détails qui m'a fait comprendre que je vieillissais. Oh les signes sont finalement bien plus nombreux que je ne voudrais me l'avouer mais celui-ci a porté atteinte à ma mâle fierté, celle-là même que je ne pensais pas avoir.

Il s'agit de pipi.

Et voila ! C'est pas le quatrième billet qu'il parle déjà de sa bite.

Ouais. Et alors ?

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Passé la quarantaine je me suis simplement rendu compte que moi aussi je devais m'essuyer quand j'avais fini d'uriner. He oui. Comme une fille. La honte. Mais pour des histoires de tuyauterie, de valve ou je ne sais quel clapet, mon male appendice n'en finit pas de crachoter des gougouttes même quand l'envie et le soulagement sont passés.

Incontinence ? Voire.

Mais à priori ça ne dépasse pas les quelques gouttes qui ne s'épongent d'un petit tamponnage au bout du gland, un truc simple mais qui - s'il n'est pas correctement fait - déverse quelques millilitres d'urine dans le caleçon sur le haut de la cuisse et bon, ça peut se voir avant que ça n'ait le temps de sécher quand ça va tacher le pantalon.

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Comme tous les garçons, j'ai rapidement pris conscience de cette indiscutable - et injuste - supériorité masculine dans le domaine du pipi. Alors qu'on peut dégainer en se plaçant simplement face à un arbre ou un mur et uriner en toute puissance, la fille doit se trouver un coin à l'abri pour se dénuder les fesses, s'accroupir subrepticement et uriner dans l'herbe. Mais aussi, elle doit se trouver un petit bout de papier pour éponger le délicat enchevêtrement de chair, prépuce, petites et grandes lèvres, que le méat urinaire a copieusement arrosé d'urine au passage, la physique des fluides, hé, ça ne pardonne pas. Si elle ne fait pas ce petit essuyage en règle, elle a une désagréable impression en se reculottant, alors que le garçon a déjà fini son affaire et tape du pied en disant "bon, t'as fini ?".

la dernière goutte est pour le slip

Ludwig von 88, Assez.

Allez, c'est pas bien grave. Et je l'ai bien vu quand j'ai pour la première fois déculotté une demoiselle avant de plonger mon nez dans sa grisante toison (oui, moi je n'ai connu que des femmes AVEC des poils pubiens.. hé), ce soleil d'aquarelle au fond de la culotte blanche. Et avouons le, l'urine et son odeur participent de ce bouquet enivrant qui apéritive l'exercice copulatoire. Alors qu'il n'y a pourtant pas grand chose de plus écœurant qu'une odeur d'urine quand elle vous emplit les narines au coin d'une rue humide et chaude - derrière une église ou sous une porte cochère, délicatement dosée elle participe à la composition savante du parfum sexuel. Tout est question de proportions - et de contexte aussi évidemment.

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Alors OUI, je sais que certaines femmes urinent debout, certain(e)s se sont emparé(e)s du problème (il y a même une quantité de modèles différents, Pstyle, Gogirl, SheWee...), que les culottes des dames - surtout à la campagne - étaient largement fenêtrées à l’entrejambe pour - en écartant simplement les jambes et relevant un peu le tissu de la robe devant - uriner en toute simplicité au milieu d'une activité pratique. Mais si j'en crois la délicieuse gravure de Rembrandt qui orne mon toilette, la miction est une activité qui nécessite depuis longtemps pour la femme cette pose qui rapproche la source du sol sur laquelle elle s'épanche.

pipicasso.jpgAlors que l'homme peut rester fièrement debout.

Et ne pas s'essuyer.

Mais plus moi.

Voila.

 

 

S'épancher publiquement sur l'incontinence et les culottes de jeunes filles... Ha... c'est pas beau de vieillir.

Pour clore ce premier billet sur le pipi (oui, j'ai prévu d'en faire au moins un autre), je précise que l'urologie est une spécialisation médicale sur les reins et les organes sexuels. Pas que ça m’intéresse plus que ça mais les termes d'ondinisme, d'urophilie ou d'urolagnie me paraissaient déplacés : je ne suis pas fétichiste de l'urine, dieu merci.

J'illustre enfin ce billet d'un des rares peintres qui s'est intéressé au motif trivial de la pisseuse ; pipicasso.

Sinon, l'excellente Marion Montaigne s'est intéressée au sujet, chez les femmes et chez les hommes, c'est plutôt singulier et ça méritait d'être souligné.