Alleï, je crée une nouvelle catégorie, miettes & broutilles, pour mettre les petites chroniques, car j'avais envie de causer du dernier Pixar, sorti un peu en douce en cette fin novembre, alors que le précédent, ViceVersa est sorti en juin dernier. Deux Pixar dans la même année... C'est un peu un évènement. Mais Peter Sohn n'est pas Pete Docter, hélas.
Et donc ? Bin c'est mauvais.

En fait c’est même probablement le plus mauvais Pixar que j'ai jamais vu.
Certes l'image est belle, le film propose de superbes rendus de natures, d'éléments climatiques (pluie, vent, tempête...), des textures de peau, d'écailles... Et une animation toujours dynamique, sensible, délicate.
Mais l'histoire bon sang...

qu'est-ce qui est vert, chouineux, peureux et qui a les genoux cagneux ?
Je raconte : donc les dinosaures n'ont pas disparu. Et ils ont développé le langage, l'agriculture, le feu.. Mais ils n'en ont pas pour autant colonisé la terre comme l'ont fait les humains. Quelques millions d'années d'évolution les a juste transformés en paisibles colons, un peu comme les pionniers américains dans un ouest sauvage et dépeuplé.
On suit une famille de diplodocus, papa, maman et leurs trois enfants dont Arlo, vilain petit canard chouinard et gauche aux genoux cagneux.

Comme dans le Roi Lion, le père meurt dans un cataclysme naturel autant que soudain, Arlo se retrouve à des kilomètres de la ferme familiale et doit revenir, seul, affrontant ses peurs dans un voyage initiatique d'un classicisme classiquement classique. Arlo va s'adjoindre une bestiole de compagnie, un petit d'homme hirsute et sauvage et - tadaam revenir plein de maturité, sain et sauf.

Rha.

Il rencontre évidemment en chemin la traditionnelle galerie de personnages croquignoles, les plus réussis à mon goût étant les méchants ptérodactyles illuminés, il y a aussi des tyrannosaures à contre-emploi, débonnaires gestionnaires de troupeaux de bisons.

Le film est nunuche, niaiseux, bien-pensant. Il est aussi longuet et très peu drôle. C'est une resucée guimauve des mythes américains : les colons bienfaisants qui ensemencent le sol de leur maïs nourricier face à une nature implacable, les cowboys tyrannosaures fiers et libres, partageant leur sagesse au coin d'un feu.

Alors bien sur il y a le petit d'homme, chiot fougueux et attachant, il y a une ou deux séquences sympathique (la fugace séquence où, ivres d'avoir mangé des fruits macérés ils ont des visions psychédéliques, proches d'un Dumbo mais si loin de sa fantaisie) mais c'est un film facile, qui prend peu de risques à part celui d'évoquer la MORT d'un des personnages principaux. Le film est aseptisé, tellement modélisé, tellement loin de ce à quoi Pixar a pu nous habituer...

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ame_perdue_bd.jpgVoir les diplodocus labourer de leur groin, sans pour autant s'abimer les naseaux ou ressortir le visage plein de boue m'énerve. Cette bienpensance me fit bouillir sur mon siège et m'ennuie tout à la fois. Sans compter ces designs baudruches, le dinosaure Arlo a des yeux tellement grands qu'on se demande où son cerveau peut bien se loger dans sa petite tête...

J'ai cru lire que le film était le pire démarrage d'un Pixar. Ça veut dire que le public ne se laisse pas avoir et c'est un bon signe. J'espère que ça les dispensera de nous servir d'aussi peu gouteuses endives bouillies.

Dans le genre, évidemment, le petit dinosaure et la vallée des merveilles (1989 déjà !) avait balisé le motif de sa niaiserie, je conseille plutôt le livre de Gregory Pannaccione, Âme perdue(1), une bédé quasi muette qui raconte les pérégrinations aquarellées d'un petit garçon sauvage dans des temps imprécis.

(1) éditions Delcourt, collection Shampooing, 2013